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En marge du calendrier parisien de la haute couture, Pierpaolo Piccioli a dévoilé, vendredi dernier, sur les marches de l’escalier monumental de la Piazza di Spagna, une collection magistrale, hommage à l’héritage de la maison romaine.
La beauté, Pierpaolo Piccioli n’a que ce mot-là à la bouche. Et de beauté, il était bien question vendredi soir, sur la Piazza di Spagna, où le directeur artistique de Valentino présentait sa collection de haute couture pour l’hiver 2022. Quelques jours auparavant, il nous recevait dans les salons parisiens de la maison, alors que les petites mains, couturières expertes de ses ateliers, donnaient les derniers coups d’aiguilles aux robes d’un défilé qui s’annonçait magistral.
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« J‘ai toujours pensé que la beauté était un message puissant, explique-t-il. Je ne parle pas de canons esthétiques, d’injonctions physiques mais de l’humanité qui transparaît de la diversité des corps, des âges, des genres et des origines. Dans ces temps difficiles, intolérants parfois, notamment en Italie, je considère avoir, en tant que couturier, une responsabilité sociale. La mode est forcément politique parce qu’elle est une caisse de résonance magnifique, parce qu’elle a le pouvoir d’envoyer un message qui sera entendu. Nous sommes tous beaux tels que nous sommes. Certains trouveront que c’est une vérité toute faite. Mais c’est pourtant la vérité. » Pierpaolo Piccioli avait pris l’habitude de présenter ses collections à Paris, marquant les esprits en janvier dernier avec une haute couture sublimant (déjà) cinquante-cinq femmes de tous âges, origines et morphologies, de Kristen McMenamy, 57 ans, à Jill Kortleve, le «mannequin taille 40 » que l’industrie du luxe s’arrache. Un message n’en est que mieux compris s’il est martelé. Voilà pourquoi, vendredi soir, dans la Cité éternelle, Kristen et Jill étaient encore là. Sublimes. La première, théâtrale, avec sa coiffe de meneuse de revue et sa cape de tulle noir piquée de plumes blanches. La seconde, majestueuse, dans une robe drapée de velours à manches bouffantes en faille aubergine et talons plats.
Sur la voix envoûtante du chanteur anglais Labrinth (auteur de la BO planante de la série Euphoria), 102 beautés, femmes et hommes, descendaient dans la lumière déclinante les marches monumentales et arpentaient la piazza Mignanelli vers le palais Valentino et ses ateliers. Par moments, le Ponentino, ce léger vent typique de Rome, soufflait dans les blouses à volants de gazar, les jupes en faille de soie, les traînes des robes de chiffon corail brodées d’une rose tridimensionnelle d’organza et tulle. Une haute couture empreinte de la poésie, de la féminité sans cliché et de la maîtrise des couleurs (du plus doux des nude au plus acide des verts) auxquels Piccioli a habitué son public.
« Cette collection me tient particulièrement à cœur, reprend le couturier. Je l’ai baptisée “The Beginning” car elle parle des débuts de cette maison et des miens, de la conversation que j’ai voulu entamer avec l’œuvre de M. Valentino. » Rome donc, là où tout a commencé pour Valentino Garavani (aujourd’hui âgé de 90 ans) qui y a fondé sa griffe en 1959. Et la Piazza di Spagna comme décor, là où, entre 1986 et 2003, Valentino et d’autres créateurs italiens (Gianni Versace, Giorgio Armani, les Dolce & Gabbana…) faisaient défiler Claudia Schiffer, Cindy Crawford, Carla Bruni, Grace Jones, Christy Turlington, Naomi Campbell en clôture de Altaroma, la semaine de la haute couture italienne. « Ces défilés étaient ouverts au public, raconte-t-il. Je me souviens avoir été un de ces gamins dans la foule. Je voulais redonner à Rome, ces moments de rêves et de mode qu’elle m’a, un jour, donnés. Mais sans aucune nostalgie, l’esprit tourné vers l’avenir. »
« Je n’aime pas beaucoup parler de mon travail. La couture ne s’explique pas, elle se ressent. Le spectateur doit en percevoir la magie sans plus de commentaires. »
Pierpaolo Piccioli, directeur artistique de la maison Valentino
Comme un symbole, le show s’ouvrait sur un blouson de roses en 3D de taffetas « rouge Valentino » - « hommage à la mythique robe Fiesta qu’il créa en 1959 » – et s’achevait sur une série de looks noirs et blancs en écho aux mosaïques romaines. « Rien n’est très littéral, conclut Pierpaolo Piccioli. Avec le temps, j’ai appris à suivre mon instinct, à ne pas m’encombrer du storytelling. Pour cette collection, je cherchais la lumière, la légèreté et le romantisme. Mais je n’aime pas beaucoup parler de mon travail. La couture ne s’explique pas, elle se ressent. Le spectateur doit en percevoir la magie sans plus de commentaires. »
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